World Press Photo et Le baiser sur l’Ile Saint-Louis au Musée ethnographique à Budapest

World Press Photo et Le baiser sur l’Ile Saint-Louis au Musée ethnographique à Budapest

Rencontre avec le photographe Peter Turnley

Image retirée.Vers où va le monde et les photographes qui le captent ? Le grand reporter Peter Turnley en a fait l’expérience : il a couvert les conflits à travers tous les continents et il a inauguré l’exposition World Press Photo à Budapest . L’exposition annuelle est un événement incontournable. Depuis de nombreuses années c’est Tamas Révész, photographe connu de New-York à Budapest, qui organise cette manifestation ainsi qu’ un master class à cette occasion. Cette année les images de la revue National Geographic et l’exposition Une lettre d’amour à Paris ont accompagné ce panorama de la photographie dans le monde.

Après le vernissage nous avons rencontré Peter Turnlay de passage à Budapest.

 

Peter Turnlay : L’exposition World Press Photo présente un choix de photographies venant de plusieurs centaines de pays , le travail incroyable de photographes de plusieurs centaines de nationalités et qui ont très souvent risqué leur vie pour ces clichés. Je pense qu’ en dépit des scènes montrant guerres, conflits et malheurs, la dignité, les émotions de l’être humain et une énorme confiance dans la vie sont exprimées par ces images, y compris les nombreuses prises de vue montrant la joie en temps de paix.

Éva Vámos : Vos photos sont exposées sous le titre : French Kiss - Une lettre d’amour à Paris où l’on voit se balader des amoureux au bord de la Seine, sur l’Ile Saint Louis ou sur le quai Bernard, dans des cafés et des danseurs sur l’Esplanade du Trocadéro. Comment avez-vous choisi ce sujet, quel est le lien entre ces photos lyriques et celles qui couvrent des actualités, des conflits dans le monde ?

Image retirée.Peter Turnlay : Les photos présentées ici représentent quarante années de vie à Paris. Je suis arrivé à Paris en 1975 et cette ville est devenue mon foyer depuis. Il est vrai que j’ai couvert des actualités politiques, pratiquement toutes les guerres durant quatre décennies, les désastres naturels et les moments historiques comme la chute du mur de Berlin, la révolution en Roumanie, la place Tien An Men en Chine et la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud. J’ai été sur place quand Nelson Mandela est sorti de prison , mais chaque fois je suis revenu à Paris. Cette ville m’a facilité l’accès à tout ce qui s’est passé à l’Est , à Berlin ou bien en Afrique et au Moyen Orient. Et puis quand je revenais des zones de conflit, Paris me rappelait tout ce qu'il pouvait y avoir de beau et de tendre dans la vie. Je retrouvais un art de vivre, une élégance qui nous rappelle que la vie peut être formidable.

J’ai toujours pensé que mon intérêt pour la communication visuelle couvre toute la condition humaine – les extrêmes : les malheurs, la souffrance, l’injustice et dans l’autre sens on découvre des moments magnifiques de gloire et de victoires, de tendresse, d’amour et d’amitié. Des scènes de famille dans la vie quotidienne qui rendent la vie plus belle. Tout cela figure dans mon livre qui vient de paraître à Paris et qui apporte un contrepoids aux images montrant les conflits dans le monde que j’ai couverts tout au long de ma carrière de photographe.

Éva Vámos : Après Budapest quelle sera la prochaine étape de l’exposition itinérante ? Comment avez-vous choisi les lieux dans Paris ?

Peter Turnlay : Avant de venir à Budapest l’exposition s'est tenue en Autriche, à Salzburg, puis à Los Angeles, à San Francisco et elle va continuer à tourner dans le monde. Je suis content qu’elle ait du succès; on a commandé tout récemment une deuxième édition de mon livre. C’est un travail où j’ai mis beaucoup de moi-même, et je suis ravi que cela touche le coeur des autres.

Image retirée.La vérité est que je n’ai pas choisi des lieux à Paris. Quand je suis à Paris j’ai à tout moment, l’appareil photo avec moi. Il est mon meilleur ami. En fait, les photos ont été prises un peu partout dans Paris. Mais j’ai une préférence : la Brasserie de l’Ile Saint-Louis est un îlot de bonheur pour moi et que je fréquente depuis quarante ans. J’y retrouve des amis et des membres de la famille qui sont des patrons de ce restaurant.

Cela représente pour moi un havre de paix et de douceur. Les photos représentent pratiquement tous les quartiers de Paris et je m’intéresse aux scènes de la vie quotidienne.

Éva Vámos : Vous avez présenté votre manière de photographier la condition humaine dans le cadre d’un atelier à Budapest. Quelles sont vos expériences ?

Peter Turnlay : Le stage s’appelle les moments décisifs. J’ai été inspiré et touché particulièrement par le travail de Cartier-Bresson et tous les grands photographes français et étrangers qui ont vécu à Paris à des moments différents comme Boubat, Brassai, Lartigue, Doisneau, Ronis. Mais je veux également souligner que je pense à travers mon travail photographique appuyer visuellement une très grande étendue de la vie humaine et de la condition humaine.

Image retirée.Le thème des amoureux à Paris est intéressant pour moi d’autant plus que j’ai eu la chance d’être l’assistant de Doisneau au début des années quatre-vingts. Il était un peu un père spirituel pour moi. Sur ses photos il y a toute la tendresse pour sa propre ville.

J’ai voyagé dans plus de 90 pays, je suis convaincu qu’il n’y a pas un seul endroit au monde ailleurs qu’à Paris où l’on verrait autant de tendresse, autant d’amour et d’affection - à tout moment et dans tout lieu dans la vie quotidienne parisienne – et pour moi c’est une chose extraordinaire.

J’ai couvert dans ma carrière photographique des guerres en Afghanistan, au Kosovo, en Tchéchénie. Donc évidemment à la fois mes yeux, ma tête et mon coeur ont été très souvent mis en face de situations humaines terribles.

Mais j’ai gardé pendant tout ce temps toujours un certain optimisme pour dire et exprimer par mes images que la vie est quelque chose de formidable et de merveilleux. Cette exposition est une sorte de remerciement à ceux que j’ai vu à Paris. Mes photos expriment non seulement les moments du passé, mais également ceux du présent.

Le titre des photos en ordre d'apparition:

- Esplanade de Trocadero 2013

- Monsieur Bernard Ile Saint-Louis 1993

- Brasserie de l'Ile Saint-Louis 1993

- Ile Saint-Louis 2012

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