Des basses et du rythme à l’Electronic Beats

Des basses et du rythme à l’Electronic Beats

Basé sur la promotion de la musique électro et techno (la dance music plus généralement), « l’EB » incarne avant toute chose la réunion millimétrée d’une flopée d’excellents artistes.

 

Après avoir remué les pieds de milliers d’aficionados à Varsovie, Bratislava, Prague, et un peu toute l’Europe Centrale cette année, le Festival a rebranché les tables de mixage à Budapest, avec une programmation plus qu’alléchante. À l’affiche, Âme, Nina Kravitz et Omar Souleyman ou encore Kiasmo. Des artistes locaux étaient également présents, tels que Subotage, S. Olbricht, Seres, ou Iamyank. À l’Akvarium, au bâteau-boîte l’A38, ou encore à l’Ankert, les concerts étaient répartis un peu partout sur la capitale hongroise.

Le Jeudi soir (le plus calme), un concert gratuit s’est déroulé à l’Ankert, bar de plein air iconique dans le quartier juif. Avec Julian Ganzer notamment, un artiste berlinois, et Lorenzo Bravi, un mélomane qui transforme tout objet du quotidien en instrument de musique. Original, zéro coût, un bon plan efficace pour donner la température du Electronic Beats.

À partir de là, deux options. Ou plus précisément, deux destinations. Depuis la nuit des temps, il existe des Hommes marins, et d’autres, plus terriens. Le dilemme imposé par ce week-end électronique s’approche de cette dualité éternelle. L’Akvarium ou l’A38, le souterrain ou le fleuve, la cave underground ou la cale de cargo. Deux programmations distinctes ont séparé les amoureux de musique en cette fin de semaine. Les billets étant vendus indépendamment, il était toutefois possible d’alterner.

Plaisir des oreilles aguerries

Pour les marins, la destination évidente pour occuper ses deux soirs (16-17 Octobre), était naturellement l’A38, un bateau-club-bar-salle de concerts polyvalents à l’ambiance hype. Ce navire accosté pour le meilleur et pour le pire n’est pas sans histoires. Débarqué en 2003 sur les rives du Danube, ce navire ukrainien chariait à l’origine des pierres extraites de carrières.

L’A38 est l’un des hubs musicaux de Budapest, tant au niveau de sa programmation, que de l’éclectisme que sa ligne directrice lui impose. Parmi les têtes d’affiche, Omar Souleyman, chanteur exilé syrien, qui a commencé en écumant les mariages, et, le samedi soir, Howling, duo de DJ teutons. À noter que Frank Wiedemann, qui fait partie du duo Howling, faisait également l’affiche à l’Akvarium avec une autre paire germanique : Âme. L’A38 affichait complet le vendredi ET le samedi, ce qui prouve bien l’unanimité qu’a suscité l’événement.

Pour les terriens, ça se passait à l’Akvarium. Ce club souterrain se trouve en plein centre de Pest, au beau milieu de Erzsébet tér. Cette boîte de nuit est bien plus à l’échelle d’un Festival que l’A38, avec sa capacité de plus d’un millier de personnes. Le premier soir, la belle Nina Kraviz, S. Olbricht et Subotage ont déchaîné la foule sur des rythmiques techno aux sonorités minimalistes (coup de cœur personnel pour le méconnu S. Olbricht, qui proposait des mélodies aussi intéressantes qu’envoûtantes). Quant à l’artiste russe, elle a « fait le boulot » avec un live agressif et puissant, tant au niveau des basses que de la vélocité de ses beats.

Le second soir, c’était au tour de Kiasmos et d’Âme. Le premier est un groupe islandais, étrennant une musique électronique moderne, délicate et puissante, mâtinée de synthés et de basses longilignes. Âme alla en revanche plus rapidement dans le vif du sujet, une formalité dans la mesure où ils avaient une heure pour clôturer le festival. C’est donc sur un live endiablé et terriblement efficace, que Frank Wiedemann, seul, s’est aventuré dans une session de techno pure et dure, pour le plus grand plaisir des oreilles aguerries.

Cet événement s’est tenu du 15 au 18 Octobre, dans une atmosphère de découverte, avec des micro-évènements autour du thème de la musique électronique. D’un côté c’est avec ce genre de barnums valorise les styles peu démocratisés. De l’autre, la scène budapestoise prend (encore) du galon. De quoi entretenir son image de capitale cool d’Europe Centrale.

Clément Goutorbe

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