Sarkozy-Orbán, même combat?

Sarkozy-Orbán, même combat?

Nicolas Sarkozy: „Comment peut-on dire qu'Orbán n'est pas un démocrate? Il fait un référendum, le référendum ne fait pas 50% de participation, il dit: 'bon, c'est un échec'." En lisant ces lignes (*), mes amis hongrois ont d’abord cru à une plaisanterie. Mais, connaissant le sens aigu de  notre ancien président pour l’humour, on ne peut que prendre sa déclaration au sérieux. Un Nicolas Sarkozy qui, bien qu’à moitié hongrois d’origine, ne suit visiblement pas les médias hongrois. Car il aurait alors vu le soir même du scrutin un Viktor Orbán triomphaliste criant victoire, assurant même avoir réussi à rétablir l’union nationale autour de sa personne. Certes, avec un taux de 98% de votes en sa faveur, mais... non des électeurs, ceux-ci ne s’étant déplacés qu’à peine 40%.  Nuance...

Grand démocrate, Viktor Orbán? Qui précisément - sous le prétexte fallacieux de difficultés financières auxquelles est confronté le journal – vient de faire brutalement suspendre – du jour au lendemain- la parution du premier quotidien du pays, le Népszabadság, fondé en 1956. Certes, pas directement, mais par l’intermédiaire de son grand ami et protégé, l’oligarque Lőrinc Mészáros, en passe de racheter le quotidien. Mészáros: un ancien technicien gazier devenu multi-milliardaire en quelques années, maire du village d’où est issu Viktor Orbán. Du jamais vu. Un quotidien qui avait milité en faveur du boycott au référendum, puis venait de révéler coup sur coup deux nouveaux scandales qui entachent deux proches du Premier ministre (György Matolcsy, président de la Banque centrale et Antal Rogán, ministre en charge de la Communication). Au moment où le Népszabadság s’apprêtait précisément à publier d’autres révélations.

Mais, vu de Budapest, rien ne surprend dans les propos de Nicolas Sarkozy. Tout comme Viktor Orbán, ce dernier est apparemment en train  de virer progressivement sa cuti vers la droite radicale, probablement dans le but de rafler quelques voix au Front national. Exactement le même schéma que suit son modèle hongrois avec le Jobbik (**).

A rapprocher de ce constat, une information parue en Hongrie (***) selon laquelle, par l’intermédiaire de la société de communication Danube Business Consulting Ltd., qu’il a co-fondée l’année dernière à Londres, l’éminence grise du Premier ministre hongrois, Árpád Habony, aurait obtenu des contrats dans l’entourage proche de Nicolas Sarkozy pour en faire l’un des conseillers de sa campagne. Tiens donc!

Un  Viktor Orbán qui, soit dit en passant, fait haut et fort le plus grand éloge du candidat américain Donald Trump. (Par ailleurs grand admirateur de Vladimir Poutine et Recep Tayyip Ordoğan.)  Cette admiration pour Trump, une position que Nicolas Sarkozy avait également partagée dans un premier temps, avant de mettre de l’eau dans son vin pour revenir par la suite sur son premier jugement. Reconnaissons lui donc encore une parcelle de bon sens et d’honnêteté. Ce que l’on ne saurait trop attendre de son modèle hongrois...

Alors, Sarko-Orbán, même combat? A voir.... (la suite nous le dira).

Pierre Waline

(*): Le Figaro du 13 octobre

(**): le Jobbik, parti hongrois d’extrême droite qui – reconnaissons lui au moins ce mérite – a vigoureusement protesté contre la fermeture du Népszabadság, quotidien de gauche.

(***): Figyelő

 

 

Catégorie