Genesis : voyage en terres inexplorées

Genesis : voyage en terres inexplorées

Du 6 septembre au 12 novembre, le Műcsarnok accueille l’exposition Genesis du célèbre photographe brésilien Salgado. Des centaines de clichés en noir et blanc et un voyage au coeur des plus beaux paysages terrestres attendent les curieux.

Tout d’abord il y a le lieu, resplendissant. Műcsarnok est à lui seul une raison de se rendre à l’exposition. L’édifice est à l’image des héros glorifiés sur la même place, majestueux. On ne peut honorer pareil ouvrage autrement que par une exposition de grande qualité et Genesis en est assurément une.

Celle-ci est organisée en cinq sections géographiques allant du Pôle Sud à l’Indonésie, et de l’Afrique à la Sibérie en passant par l’Amazonie. Salgado rend hommage à la nature, la plus sauvage et encore vierge de toute empreinte de la société moderne. Le visiteur est convié au voyage vers les paysages les plus enchantés et les tribus les plus isolées.

De la savane à la taïga

Nous passons ainsi du froid polaire à la chaleur africaine, des monts enneigés aux dunes de sables, des éléphants de mers aux redoutables caïmans d’Amazonie, des Mursis d’Ethiopie aux Nenets de Sibérie. Le public est dès lors transporté par ces photographies si puissantes, certaines portant en elle un imaginaire mythique et merveilleux. Comment ne pas être conquis par cette photographie  prise en hélicoptère au parc national de Zambie ? On y observe la lumière apparaissant à travers les nuages dans une symbolique biblique et éclairant un troupeau de buffles dans l’immensité de la savane.


Salgado arrive à capter la beauté de ces environnements malgré le danger qui y règne. Ou alors est-ce l’inverse ?! Est-ce le danger observé de si près qui fait toute la beauté de la photographie ? Nous pouvons nous poser la question mais une chose reste indiscutable, c’est la force dégagée par certains clichés.Nous tremblons devant cette photo prise d’un éléphant chargeant le véhicule du photographe. Nous sommes à la fois subjugués et terrorisés par ces centaines de caïmans dont les yeux scintillent dans la nuit.

Conte pédagogique

Salgado disait à propos de lui-même et de sa fonction qu’il n’était pas un artiste. Pour lui “ un artiste crée un objet. En ce qui me concerne, il ne s’agit pas d’un objet, je travaille avec l’histoire. Je suis un conteur.” Genesis est un conte. Un conte merveilleux, entraînant le visiteur loin de chez lui.

Un conte également doté d’une portée pédagogique. Son épouse Lélia Wanick Salgado le rappelle dans un court texte écrit sur un mur en fin d’exposition, avertissant des dangers qui guettent cet écosystème et ces tribus. Les photographies servent de témoignage de ce qui fut, est encore mais qui ne sera peut-être plus. Les femmes Mursis sont les dernières à porter dans le monde des ornements labiaux, de nombreux animaux représentés sont menacés d’extinction... Les photos prises seront elles considérées comme l’un des derniers témoignages de cette nature, de cette genèse qui s’éteint ?

Salgado a déclaré que Genesis était sa lettre d'amour à la nature. Les actes valent plus que les paroles. Huit années ont été nécessaires à Salgado pour réaliser Genesis.

François Lalande

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