Des plaisirs dans tous les domaines et en langue française … 18ème Festival de la Francophonie

Des plaisirs dans tous les domaines et en langue française … 18ème Festival de la Francophonie

Rencontre avec  Frédéric Rauser, directeur de l’Institut Français de Budapest

Rencontre avec  Frédéric Rauser, directeur de l’Institut Français de Budapest

 

La culture francophone dans toute sa richesse et sous ses multiples facettes sera présentée lors du prochain Festival de la Francophonie qui se tiendra du 28 février au 31 mars en Hongrie. Projections de films à l’Institut Français de Budapest et dans d’autres grandes salles de cinéma, expositions d’architecture et de photographies, présentations de livres à la Librairie Latitudes, soirées de théâtre, journée Portes ouvertes à l’Institut Français et soirée gastronomique marocaine auront lieu. Les plaisirs dans tous les domaines et en langue française – comme le directeur Frédéric Rauser l’a exprimé lors de son entretien donné à la veille du Festival.

 

Le 18ème Festival de la Francophonie se déroule à Budapest et dans 10 villes de province notamment celles où se trouvent les Alliances Françaises. C’est un véritable événement dans la vie culturelle hongroise – en tout cas pour tous ceux qui s’intéressent à la langue française et à la diversité de la francophonie. C’est en même temps la 8e édition des Journées du film francophone, devenues aussi un événement majeur dans la vie des cinéphiles hongrois. Les Journées seront inaugurées par Jeune femme qui a eu la Caméra d’or au dernier Festival de Cannes. C’est environ 70 projections qui auront lieu dans toute la Hongrie et on accueillera un certain nombre de cinéastes, de comédiens français qui viendront présenter leurs films : Emmanuel Courcol, Léa Drucker ou encore Serge Bozon. Ceci dans 3 lieux différents à Budapest, les cinémas Puskin, Toldi et l’Institut français.

 

JFB : Que direz-vous de la francophonie en général et qu’est-ce que le prochain Festival apportera?  

 

F. R. : Ce qui me semble intéressant en parlant de la francophonie c’est qu’elle s’affirme comme un espace qui rassemble 84 gouvernements et Etats au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), créée le 20 mai 1970.  Aujourd’hui le français – comme l’anglais – sont les deux seules langues présentes sur les cinq continents. Je trouve que la Francophonie est un exemple intéressant d’une organisation qui se définit autour d’une langue tout en étant ouverte à la diversité culturelle. Cette organisation internationale a la capacité à faire cohabiter, à faire dialoguer des pays de cultures, de religions et de niveaux de développements différents. Elle possède une expérience enviable dans ce domaine.

C’est dans ce contexte que l’on s’inscrit en Hongrie, pays membre observateur de l’OIF,  avec l’ensemble des  ambassades partenaires de la Francophonie : la Belgique, le Canada, l’Egypte, le Liban, le Maroc, la Roumanie, la Suisse. Cette année,  la Moldavie présentera deux films à l’Institut Français. En dehors de cette diversité qui sera représentée en premier lieu par le cinéma dont les projections commenceront officiellement le 28 février au Cinéma Corvin, nous aurons un entier mois de mars dédié à la Francophonie avec au point culminant la Journée internationale de la Francophonie le 20 mars.

JFB : Quels types de rencontres et quels événements sont-ils prévus pour l’apprentissage du français et pour donner vie à la francophonie ?

F. R. : Nous aurons un grand nombre de manifestations culturelles, des concerts, des spectacles de théâtre, des moments éducatifs destinés aux établissements scolaires, au sein des lycées bilingues pour donner le goût du français. Cette  série d’événements s’adressera au public scolaire, aux familles et toute personne intéressée pourra y participer. La gastronomie sera à l’honneur à l’Institut Français, dont une soirée marocaine par exemple – des plaisirs dans tous les domaines et pour tous les sens. Pour nous, il est capital de faire venir des artistes et d’autres personnalités francophones de haut niveau, c’est l’occasion de donner corps, de donner vie à la francophonie de la rencontrer « en chair et en os ».

JFB : Serait-ce signe des temps que l’on élargit l’esprit de la francophonie et qu’il y a effectivement une diversité à l’intérieur du Festival comme vous venez de le dire ?

F. R. : C’est un signe des temps d’élargir l’esprit de la francophonie comme vous le dites et de donner à voir de manière éclairante ce sentiment de diversité dans l’unité d’une langue, faire entendre la multiplicité des voix. Il est important pour nous  de  donner une réalité à la langue française à travers des rencontres avec des personnes qui ont des choses à dire et à transmettre. On cherche à privilégier la rencontre  humaine pour donner vie à la francophonie.

Il y aura également un spectacle grand public inspiré du « Dormeur de Val » de Rimbaud où ce sont des clowns et des danseurs qui vont illustrer  ce magnifique poème de manière onirique et en faciliter l’accès au public qui pourra ainsi entrer dans l’univers de Rimbaud – y compris pour ceux qui apprennent le français et n’ont pas une connaissance encore parfaite de la langue.

C’est à la librairie Latitudes que le célèbre illustrateur Serge Bloch présentera sa vision de la Bible, « Les récits fondateurs » et Julie Wolkenstein viendra présenter « Les vacances », l’un des coups de cœur de la rentrée littéraire. Le livre demeure un point d’ancrage fort de notre festival. La culture marocaine sera également mise en valeur à l’occasion d’une conférence à l’Institut français.

JFB : A l’exception des films tous récents dont les lecteurs de notre journal s’informent régulièrement, je découvre que RadioMentale reprend aussi un film ancien de Julien Duvivier : Au bonheur des dames 

F. R. : C’est une idée assez originale née ces dernières années de diffuser des classiques comme autrefois en les accompagnant de la musique. C’est une belle expérience artistique et un moyen de nous souvenir ce qu’était et ce qu’est devenu le 7ème art. Ce mélange entre plusieurs arts permet de revisiter l’histoire du cinéma tout en participant à un moment artistique particulier. A venir vivre à l’Institut Français donc.

JFB : Vous avez prévu un programme musical très riche allant des musiciens hongrois du quatuor de Mandel jusqu’au concert du centre baroque de Versailles avec les Indes Galantes de Rameau.

F. R. : Le concert des Indes Galantes est un moment important qui repose sur un partenariat entre l’Orchestre de György Vashegyi et le Centre National de Musique Baroque de Versailles qui existe depuis plusieurs années et qui est reconduit pour les années à venir. C’est une véritable coopération artistique à très haut niveau entre nos deux pays qui s’exprimera au Müpa le 27 février prochain. Ce sera une soirée exceptionnelle pour découvrir la musique ancienne, ce dont nous nous réjouissons et nous remercions György Vashegyi pour avoir fait découvrir la musique de Rameau en Hongrie.

JFB : Vous avez témoigné récemment, lors du Forum franco-hongrois de la coopération des résultats encourageants de la promotion de la langue française en Hongrie. Comment voyez-vous la situation actuelle ?

F. R. : Comme vous le savez sans doute, le français est la troisième langue étrangère apprise en Hongrie loin derrière l’anglais et l’allemand. Depuis quelques décennies, le nombre d’apprenants de français baissait. Or, depuis deux ou trois ans le français se stabilise au niveau des écoles primaires et secondaires.

Nous comptons actuellement un peu plus de 21 000 apprenants de français dans 350 écoles, établissements d’enseignement général, techniques et professionnels sans oublier les sections bilingues francophones et le Lycée français de Budapest. Cet enseignement de la langue française se caractérise par un choix assumé et audacieux  des établissements et des familles qui optent pour le français comme langue d’apprentissage pour leurs enfants cherchant ainsi à se démarquer au niveau de leur parcours culturel et professionnel afin d’optimiser leurs chances futures de s’épanouir dans leur métier et dans leur vie privée. Ils s’ouvrent ainsi de nouveaux horizons et s’offrent  de nouvelles possibilités. Un soutien sera apporté aux écoles primaires qui proposent le français comme première langue étrangère et cela contribuera à la formation d’une francophonie d’élite capable de prendre le relais de la francophonie d’élite actuelle.

JFB : Pour mieux réussir vous faites venir des célébrités comme Bernard Cerquiglini qui participera à la célèbre Dictée et répondra aux demandes d’explication de règles de français dans le cadre  de la Journée Portes ouvertes de l’Institut Français le 24 mars à la Librairie Latitudes.

F. R. : Lorsque l’on parle d’une langue on ne peut se passer des linguistes, or on a la chance de bénéficier d’un linguiste extraordinaire comme Bernard Cerquiglini mais aussi un très grand pédagogue et homme de scène. Tout le monde connait sur la chaîne TV5 : « Merci Professeur ». Bernard Cerquiglini est capable et de nous amuser mais aussi de nous instruire et de nous éclairer sur les joies et les étrangetés de la langue française. C’est vraiment un plaisir pour nous de recevoir Bernard Cerquiglini et je recommande à tous de venir à sa rencontre car c’est passionnant, riche et tellement amusant.  

Propos recueillis par Éva Vámos

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