l’OTAN avance prudemment

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Sommet de Bucarest

Boucliers antimissiles en Europe centrale, intégration des Balkans, perspective de l’ex-URSS et Afghanistan étaient au sommaire de l’agenda du Sommet de Bucarest. L’Organisation continue ainsi une transformation progressive tout en tentant de ménager son partenariat stratégique sensible avec la Russie.

Une chose est certaine : les dossiers internationaux à traiter ne manquaient pas, au début du mois, au Sommet de Bucarest. Critiquée pour avoir produit des avancées en demi-teinte, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord n’en a pas moins fait progresser un nombre important de dossiers, autant qu’elle peut le faire dans un contexte tendu sur plusieurs théâtres d’opération et dans un contexte diplomatique plus multipolaire que jamais.

La mission de l’OTAN en Afghanistan était en tête de liste des sujets sensibles. Sensible tout d’abord en terme de coopération, car les Etats-Unis fournissent le gros des effectifs opérationnels de la Force de réaction «otanienne» censés conforter le pouvoir d’Hamid Karzaï face à des Talibans qui semblent n’avoir jamais été aussi vivaces depuis la chute de Kaboul. Mais certains pays, dont la France, étaient appelés depuis des mois à déployer plus de troupes afin d’alléger la pression et les pertes que subissent certains pays, comme le Canada. La France s’est ainsi engagée à fournir sept cents hommes supplémentaires, mais la question des Talibans et de la présence d’al-Qaïda reste prégnante - notamment au Waziristan, zone frontalière du Pakistan. L’opération parallèle Enduring Freedom dirigée par les Etats-Unis peine à mettre fin à cette présence plus que résiliente.

L’Organisation a également confirmé le maintien de la KFOR au Kosovo, et ce alors que Pristina a officiellement déclaré une indépendance reconnue par des ténors de l’OTAN, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, au grand dam de la Serbie et en opposition à la Russie. Il a été rappelé à cette occasion que l’OTAN y est présent sous mandat délivré par la résolution 1244 de l’ONU.

Afin d’assurer son élargissement au sud-est de l’aire euro-atlantique, les chefs d’Etat et de gouvernement ont également engagé l’adhésion de la Croatie, de l’Albanie et de la Macédoine. Le but est de continuer l’expansion du territoire et des membres étatiques de l’Organisation, tout en ménageant Moscou qui se montre plus que récalcitrant à accepter l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, pays de l’ex-Empire soviétique, qui ont vu toutefois entérinée la décision de les recevoir à terme en son sein.

En marge du sommet a été signé l’accord entre les Etats-Unis et la République tchèque autorisant l’installation du radar de détection dans le cadre du bouclier antimissile qui servira, une fois installé, à la défense collective des membres de l’OTAN, projet également vivement critiqué par Moscou. Varsovie et Washington discutent toujours de l’installation des dix missiles intercepteurs sur le sol polonais.

Le sommet s’est clos avec la tenue d’un Conseil OTAN-Russie (COR) afin de rassurer Moscou des intentions de non-agression de l’Organisation vis-à-vis de son territoire, de tenter de montrer une cohésion difficile des pays membres face au géant russe, et enfin de préserver la coopération avec ce dernier dans le dialogue politique, la lutte antiterroriste, la gestion de crise, et d’envisager d’éventuelles opérations conjointes.

D’autres questions ont également été traitées, comme la continuation du soutien à l’Union africaine dans ses efforts pour maintenir la paix et la stabilité du continent africain, la formation des forces de sécurité irakiennes, la surveillance maritime antiterroriste en Méditerranée de l’opération Active Endeavour, ou encore le développement du dialogue politico-militaire avec les pays méridionaux et orientaux de Méditerranée.

Mais dans la régionalisation de la sécurité, c’est très certainement la progression du partenariat stratégique OTAN-Union européenne qui a le plus progressé, avec le désormais bienveillant regard de Washington qui, peinant en Afghanistan et en Irak, désire désormais encourager l’Europe à porter sa part de la défense collective. Le Secrétaire Général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, déclarait ainsi, en 2007 : «le partenariat stratégique qui lie l’OTAN et l’UE n’a jamais été aussi important qu’il l’est aujourd’hui. Les défis de notre temps exigent la définition d’une approche globale de la sécurité, dans laquelle les moyens militaires et civils seront employés ensemble et de façon coordonnée. Il n’y a pas d’acteur civil plus fort que l’Union européenne. Et il n’y a pas d’alliance militaire plus forte que l’OTAN».

 

Péter Kovács

 

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