Pécs à l’honneur en 2010

Pécs à l’honneur en 2010

Pécs a été nommée «capitale européenne de la culture» pour l’année 2010 aux côtés des villes allemande et turque, Essen et Istanbul, par le Parlement européen. L’événement est de taille pour cette ville de 156 000 habitants environ, il l’est aussi pour la Hongrie toute entière qui pourra mettre en valeur un patrimoine culturel commun et contribuer au dialogue entre les citoyens européens. L’idée de la ville européenne de la culture, initiée par la ministre grecque de la culture Melina Mercouri en 1985, est bien celle de rapprocher les citoyens de l’UE par le biais de la culture, cette dernière contribuant par la même occasion à réaliser des projets économiques d’envergure.

 

 

Deux arguments majeurs ont prévalu dans le choix de Pécs, celui de la richesse de son patrimoine d’une part, et celui des liens culturels qu’elle souhaite développer avec les pays voisins, notamment les Balkans, d’autre part. Fondée par les Romains, envahie par les Ottomans, Pécs recèle de monuments historiques d’une grande valeur : notons par exemple les chambres funéraires de la première chrétienté (IVe siècle) récemment découvertes dans son sol et inscrites sur la liste des sites protégés par l’Unesco, ou le Djami du Pacha Gazi Kassim avec son immense coupole aujourd’hui église catholique. Mais Pécs est aussi riche de musées qui révèlent son incessante activité créatrice: le Musée de porcelaine Zsolnay, le Musée Vasarely et le Musée Csontváry parmi tant d’autres. Outre ses vestiges et ses nombreux musées, Pécs, “capitale” du Sud de la Transdanubie, coopère déjà largement avec, par exemple, des villes géographiquement proches comme Tuzla (Bosnie-Herzégovine), Osijek (Croatie), Novi Sad (Serbie), ou encore Arad (Roumanie).

Pécs a donc été officiellement désignée le 13 novembre 2006 comme ville culturelle. Le gouvernement hongrois considère ce projet comme prioritaire. Sur le budget estimé à 138,4 millions d’euros, sa participation est de 10 pourcent, celle de l’Union européenne de 85 pourcent, et enfin les 5 pourcent restants sont pris en charge par le ministère local du développement régional. 4 millions supplémentaires sont versés par l’Agence du développement.

Pécs va être rénovée et enrichie de nouveaux lieux. Une nouvelle salle de concerts aux technologies modernes (10 100m2), une nouvelle bibliothèque (14 000m2), mais aussi des bâtiments officiels comme l’office national de l’héritage culturel et l’administration de la région. Le quartier culturel Zsolnay et ses musées vont être entièrement rénovés. Ces travaux vont entraîner dans leur sillage la mise en valeur des espaces verts et publics qui représentent 580 000 m2. La première partie de ces espaces devrait être achevée à l’été 2009.

Bref, de nombreux et séduisants projets. Mais la presse hongroise n’a pas manqué de pointer du doigt l’organisation générale et surtout de douter de la façon dont l’argent est distribué. Le directeur général du programme Pécs 2010, András Mészáros, s’efforce de démontrer le sérieux et le professionnalisme de son équipe. Il insiste tout particulièrement sur l’importance de la communication nationale et internationale du projet, qui représente 7,6 millions d’euros. M. Mészáros a un point d’honneur : la transparence de l’utilisation des fonds. Ainsi déclare-t-il : «Pécs est un immense projet, jamais vu en Hongrie. Le budget est colossal et les gens ont du mal à comprendre. Ce qu’ils ne peuvent pas toucher, ils ont du mal à le concevoir. Mais le problème a été le même pour les autres villes précédemment choisies. Je pense par exemple à Graz ou à Cork. Les années de préparation étaient très dures. Or, une fois les résultats visibles, les attaques cessaient. Il en sera de même en Hongrie. Lorsqu’on aura commencé la cons-truction des bâtiments, les gens seront convaincus. Mais ce qui me semble essentiel c’est le contenu, les programmes culturels. Le travail qui entre dans sa troisième et dernière phase va compter pour les années à venir.»

Les retombées se noteront très certainement en terme de tourisme mais aussi d’économie. Les responsables hongrois espèrent voir se développer en particulier le secteur des services avec de nouveaux hôtels (grâce au programme ECOC), un nouveau parc industriel avec Elcoteq (assemblage électronique), et l’industrie de la santé. Ils comptent sur les investisseurs étrangers. En devenant plus accessible par la route, avec l’autoroute M6 qui devrait être achevée en 2010, par voie ferroviaire en cours de modernisation, et par avion, avec l’ouverture d’un aéroport international prévu à 8 km de la ville, Pécs a une nouvelle page d’histoire à écrire.

 

Milena Le Comte Popovic

 

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