Probabilités politiques

Probabilités politiques

Il y a quelques semaines, le site Hírszerzô a publié des extraits assez «délicats» d’une conversation à huis clos qui a eu lieu entre Viktor Orbán et une vingtaine d’étudiants du professeur László Kéri. Il s’agit du programme gouvernemental envisagé par le chef du Fidesz en cas de victoire aux prochaines élections.

Il y a plusieurs éléments critiques dans ses propos. Orbán a dit que ses deux premières années seraient caractérisées par des réductions financières. Il semble très optimiste quant aux conséquences d’un tel programme, car il compte gagner trois élections et donc gouverner pendant 12 ans. Selon lui, il faudrait fixer la valeur réelle des retraites (donc les augmenter chaque année en suivant le taux d’inflation) et réviser – en d’autres termes : arrêter – les grands investissements de l’État (notamment le projet de la quatrième ligne de métro et les constructions d’autoroutes), car il trouve le coût de ces projets démesuré. En revanche, il effectuerait un regroupement des sources financières : il affecterait plus d’argent aux entretiens sociaux en diminuant les fonds des investissements et créerait un million de nouveaux emplois (cf. les mesures respectives du Parti Communiste dans les années 70-80). En outre, Orbán a expliqué la raison pour laquelle il n’avait pas gagné les dernières élections parlementaires en affirmant qu’ il n’avait pour le moment pas envie de les gagner…

Assez curieusement, il est très difficile de prédire l’impact des paroles d’Orbán sur la population hongroise. Ce qui est certain, c’est que désormais les électeurs peuvent un peu mieux voir le dessous des cartes de l’Alliance des Jeunes Démocrates, mais il est aussi vrai que ce sont les mesures qu’à peu près tout le monde attend du prochain gouvernement, quel qu’il soit.

N’empêche qu’Orbán se contredit sur ce point. Il n’a cessé de parler des réductions inutiles du gouvernement, comparer le programme de convergence à des contributions sur deux ans, accuser le gouvernement actuel de mensonge. De plus il ne s’est pas privé de nommer le Premier ministre d’ «idiot» à cause de son discours scandaleux de Balatonôszöd, discours qu’il n’a d’ailleurs pas qualifié négativement en soi. Ses projets présentent pourtant de nombreuses ressemblances avec ceux du gouvernement actuel, excepté l’arrêt des grands investissements – ce qui est encore assez contradictoire si nous prenons en compte le fait que les constructions d’autrotoures ont aussi coûté extrêmement chères pendant le gouvernement du Fidesz. Maintenant, il semble inéluctable qu’il s’explique clairement avant les élections; cela pourrait avoir un effet aussi bien positif que négatif pour lui et son parti.

Même si les plans d’Orbán - plans qu’il voudrait mettre en place durant ses 12 ans de pouvoir- peuvent sembler naïfs, il est quasiment sûr qu’il gagnera les prochaines élections. Il est devenu si populaire que même un faux pas comme celui-ci ne l’empêchera sûrement pas d’accéder au pouvoir, et ce malgré le nombre important de ses opposants, en particulier à cause de son projet concernant les retraites. Ce point pourrait même être un atout pour la gauche.

Ce qui est plus difficile à prédire,c’est la probabilité des élections anticipées. En observant de plus près le «comportement» des gouvernements hongrois depuis la chute du communisme, on peut séparer les périodes de quatre ans en deux. Deux ans de réformes ou de restrictions, deux ans de publicité du parti, c’est la formule. Que ferait Orbán avec une victoire à des élections anticipées jusqu’à l’an 2010 ? Commencerait-il la consolidation, les réductions et risquerait-il avec cela le succès de l’élection suivante ? Serait-il hypocrite, ou opterait-il pour un suicide politique ? A première vue, cette solution ne serait favorable pour aucun parti à long terme : les socialistes perdraient gros, les deux petits partis obtiendraient probablement moins de 5 %, alors que le Fidesz pourrait régner, mais seulement pendant deux ans.

Tímea Ocskai

 

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