La présence du Canada en Hongrie

La présence du Canada en Hongrie

 

Entretien avec M. Pierre Guimond,

 

ambassadeur du Canada en Hongrie et en Slovénie

En poste à Budapest depuis bientôt un an, M. Pierre Guimond a bien voulu nous parler de la présence canadienne en Hongrie tant sur les plans culturel qu'économique. L'année 2008 a particulièrement été riche en événements culturels du fait de la célébration des 400 ans de la ville de Québec : de nombreux films, concerts, spectacles et expositions ont été proposés à Budapest et dans d'autres grandes villes de Hongrie. Les échanges commerciaux qui existent depuis longtemps entre le Canada et la Hongrie continuent eux aussi à se développer. Peu visibles, les sociétés canadiennes sont pourtant nombreuses, et les investisseurs davantage encore. Le Canada est le 8e investisseur en Hongrie.

 

JFB : M.Guimond pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel qui est depuis longtemps lié à l’Europe ?

Pierre Guimond : J'ai en effet une expérience de l'Europe et de l'Europe centrale. J’ai été en poste à Prague, à Bonn, à Vienne. Je me suis également occupé de l’Europe de l’Est depuis Ottawa. J’ai aussi travaillé à la direction de l’Union européenne, puis été directeur de l’Europe de l’Est et des Balkans. A Bruxelles, j’ai participé à la Commission conseil.

 

JFB : Il existe en Hongrie cinq centres d'études canadiennes dans différentes universités hongroises depuis plus de 25 ans. En quoi consistent-ils ?

P.G. : L’idée générale est de faire connaître les valeurs du Canada, tout en permettant aux pays étrangers de savoir ce qui s’y passe sur les plans économique, politique, littéraire, etc. Le gouvernement du Canada finance des programmes à travers une organisation internationale dans le but d'aider des chercheurs dans des Universités et des professeurs qui forment des étudiants sur le Canada. Il y a par exemple de nombreux professeurs de littérature francophone qui sont spécialistes de ce qu’on appelle «la littérature migrante», et ce de Pécs à Washington. Il y a aussi des cours qui portent sur la littérature canadienne anglaise et canadienne française, la culture et les arts. Dans certaines universités des diplômes de premier cycle sont délivrés aussi bien en littérature, qu’en histoire, en géographie ou en écologie, et dans bien d'autres domaines spécifiquement canadiens. Nous encourageons donc ces personnes qui se regroupent une fois par an en Bavière à un grand congrès pour présenter des exposés extrêmement pointus et de grande qualité. Ce sont tous des scientifiques dans leur matière. Nous sommes actuellement en train de procéder à une refonte de cette approche avec pour intitulé «Comprendre le Canada».

 

JFB : Existe-t-il des échanges de type Erasmus entre les étudiants canadiens et hongrois ?

P.G. : Il existe plusieurs programmes auxquels les étudiants canadiens peuvent participer. Il y a Erasmus Mundus, des programmes entre chercheurs du Canada et l'UE, des accords avec les universités et des bourses pour les étudiants hongrois. Culturellement, socialement et géographiquement, il est intéressant pour un jeune de faire des études au Canada, soit en anglais, soit en français. Les frais sont moindres au Canada par rapport aux Etats-Unis. Nous sommes en train de négocier avec la Hongrie et la Slovénie un accord sur la mobilité des jeunes avec la possibilité de travailler en Hongrie. Les jeunes Hongrois qui le souhaitent pourraient ainsi obtenir un permis de travail en plus des études qu'ils viendraient y faire.

 

JFB : La Hongrie est une destination prisée par les investisseurs canadiens. Quelles sont les grandes sociétés canadiennes qui y sont implantées ?

P.G. : Nous avons une particularité nous les Canadiens: nous ne faisons pas beaucoup de commerce en Hongrie, par contre nous sommes présents à travers de nombreux investissements. Mais nous sommes particulièrement actifs dans le secteur des transports ferroviaires et aériens. Deux grandes compagnies produisent des pièces automobiles très spécialisées, Linamar et Westcast. Bombardier est la plus grande société de transports aériens et ferroviaires; sa stratégie est basée sur les investissements en Europe. Elle a d'ailleurs un partenariat avec la MÁV (société ferroviaire hongroise) avec laquelle elle a signé un gros contrat pour la reconversion des wagons de chemins de fer. Presque 18 % de l’aéroport Ferihegy appartient aux Canadiens, c'est un placement, un fond de pension. Dans le domaine de l’ingénierie, il y a SNC-Lavalin qui couvre le territoire. Dans celui de l’exploitation de pétrole et de gaz, c’est la filiale de Falcon and Oil Ltd, TXM Exploration and Production LLC, qui travaille avec EXXON dans le sud-est de la Hongrie. Il y a des projets d’exploration de gaz. Il y a aussi la société de développement TriGránit qui a été créée par des Canadiens d’origine hongroise. Notons également que nous avons l’une des plus grandes fermes de bovins génétiques qui se trouve à Kaposvar où l’on produit de grandes races qui sont exportées à 100 %. Nous sommes présents au travers de nombreux restaurants notamment du café Lukács, Ocean Bar et Grill, Restaurant Fruits de Mer et Trattoria Toscana. Le volume de l’investissement des Canadiens est à peu près de 7 milliards de dollars. Finalement on fait plus de commerce en Europe qu’avec l’Europe.

 

JFB : Il existe une grande communauté hongroise au Canada.

P.G. : Oui, entre 200 et 250 000. Il y a eu plusieurs vagues d’immigration, avant la Seconde Guerre mondiale, et surtout en 1956. Cela a été malheureux pour la Hongrie, mais heureux pour le Canada car sont arrivés des gens de grande qualité, avec une grande instruction. Quand le régime a changé en Hongrie, une partie d’entre eux a voulu revenir soit à titre privé, soit pour identifier des possibilités de travail. De nombreux Canadiens d’origine hongroise travaillent dans les firmes canadiennes présentes en Hongrie.

 

JFB : Plusieurs fêtes vont avoir lieu au mois de juin et de juillet: la fête nationale du Québec le 24 juin, la fête du Canada le 1er juillet. Et la ville de Québec qui fête ses 400 ans cette année va accueillir le Sommet de la francophonie cet automne.

P.G. : Nous commençons déjà à fêter la fête nationale du Québec le 23 juin au soir, c’est la fête de Saint-Jean Baptiste. D’abord païenne, elle est devenue plus tard chrétienne quand Saint-Jean Baptiste a été choisi patron des Canadiens français. La fête se prolonge jusqu’au 1er juillet, date de la Confédération du Canada lorsque les quatre provinces ont fusionné en 1867.

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Propos recueillis par

Milena Le Comte Popovic

 

 

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