Adieu les complexes

Adieu les complexes

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Bea Palya dit adieu aux complexes avec son nouveau disque sorti en France, qui se présente comme le résumé de son Art poétique de chanteuse. Pas de frontières génériques, ni dans les paroles ni dans les mélodies, cette série de chansons embrasse les quatre coins (des musiques) du monde avec un accent particulier sur les rythmes et sonorités orientaux – indiens, juifs, bulgares, tziganes – et hongrois qui se greffent dans les archétypes du jazz, cet autre terrain de l’improvisation, méthode ayant un rôle primordial ici.

Bea Palya prend l’éloquence et lui tord le cou, choisit pour ses textes et sa voix d’une étendue moyennement large des instruments qui accompagnent et nuancent sa quête personnelle d’une manière singulièrement universelle. La rencontre des rêveries d’une jeune femme, figure archétypale à la Blanche Neige avec qui la chanteuse se plaît à s’identifier pour un petit moment, avec des mythes et personnages des métropoles du 21e siècle, celle du folklore avec la musique urbaine remontant aux années quarante débouchent parfois dans des dissonances qui se dissolvent rapidement et trouvent leur harmonie originelle grâce à un clin d’œil nourri d’une sorte de coquetterie à la fois fourbe et sentimentale. Elle cherche à charmer par sa voix, par ses demi-soupirs et ornements vocaux, et elle y réussit – le résultat : elle est entourée de musiciens brillants !–, attend le prince sur son cheval blanc pour pouvoir enfin le repousser et s’adonner à l’ambiguïté des émotions humaines.

Les chansons de ce disque dessinent une courbe bellement arquée, mais cet arc-en-ciel est peut-être surchargé de couleurs : il n’est pas toujours utile de divulguer tous nos secrets à la fois, il faut aussi se faire découvrir et désirer, car le parfum de menthe et de thym qui s’évapore de ce mille-feuille musical aurait été suffisant pour laisser deviner des profondeurs encore inexploitées derrière cette voix et cette personnalité saisissantes.

Sophie Lemeunier

Adieu les complexes,

naïve/Sony, 2008.

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