Tout et son contraire

Tout et son contraire

Depuis début octobre, les économistes du monde entier se perdent en expectatives sur la durée de la crise et ses conséquences potentielles.

 Depuis que M. Georges Soros publie à tour de bras pour dire toute la vérité sur la crise et énoncer son nouveau paradigme pour les marchés financiers, on le voit partout. Dans la presse mondiale on relève que "les idées fausses et les erreurs d'interprétation jouent un rôle majeur dans l'évolution du cours de l'histoire" et qu’une amélioration de la situation ne tardera pas à suivre la crise, en gros du vent mais du vent qui rapporte. On lui doit néanmoins une bonne synthèse des idées en présence.

Ces trois opinions prendraient la forme de trois courbes, la première formant un V, la seconde un U et la troisième un W. Le V symbolisant une reprise rapide après une courte période (mi-2009 pour l’économiste Daniel Cohen), le U une reprise plus lente après une baisse d’activité plus longue (c’est la version préférée de M. Soros), le W, une légère reprise, suivie d’une nouvelle dépression suivie d’une nouvelle reprise (c’est la moins risquée du point de vue réputation puisque les marchés sont volatils). En attendant, certains analystes prévoient la disparition de 30% des fonds de placement alternatifs (en clair les hedge funds) et une nette diminution de la consommation mondiale. Sachant que le prix du baril de pétrole sert plus ou moins d’indicateur pour le cours des matières premières, nous devrions néanmoins éviter la famine dans la plupart des pays en voie de développement.

En Hongrie, les optimistes, qui en septembre pensaient que finalement un déficit de 3,8 % du PIB ce n’était pas si mal et que si les investisseurs y mettaient du leur, le pays pourrait renouer avec la croissance d’ici 2010, se font plus attentistes. Pour le moment les investisseurs pansent leurs plaies et les emprunts d’Etats hongrois ne suscitent guère l’intérêt. L’Allemagne, qui refuse de plus en plus de payer pour les autres, rechigne encore plus à augmenter les salaires de ses citoyens sous prétexte de stimuler les exportations des autres Etats membres. Une attitude qui ne va pas non plus favoriser un boum des exportations hongroises. Comment doper la croissance avec des investisseurs traumatisés, une consommation intérieure limitée, et une baisse des exportations probable ? La Banque centrale hongroise (MNB) est prête à intervenir dans le cas où les banques auraient des problèmes de liquidités et fait son possible pour soutenir le forint. Les analystes restent confiants en ce qui concerne la solidité du système bancaire hongrois tout en reconnaissant que certains risques ont été minimisés dans le passé.

Que se passera-t-il si les investisseurs se tournent vers d’autres cieux ? C’est la grande inconnue ! Même en tenant compte de la manne européenne, c’est la traversée du désert pour tout le monde et ce que l’on va emprunter aujourd’hui augmentera le poids de la dette de demain.

Xavier Glangeaud

 

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