Expo: Ákos Matzon

Expo: Ákos Matzon

C’est dans une villa accueillante, sur la Colline des Roses, que l’on peut découvrir l’art de Ákos Matzon – des oeuvres imprégnées d’une “géométrie galante”, comme l’a remarqué son confrère István Sinkó. Après une grande rétrospective et des expositions à travers toute l’Europe, c’est dans l’ambiance feutrée de cette villa du début du siècle dernier que nous retrouvons les toiles de l’artiste.

 

 

Ákos Matzon joue avec toutes les possibilités qu’offrent la géométrie et l’héritage du Bauhaus, de Moholy-Nagy, de Kassák. Et il réussit à y introduire la valeur plastique – nous sommes en effet face à des compositions qui s’apparentent aux oeuvres des meilleurs architectes contemporains. Avec son talent d’architecte, il nous fait rentrer dans un univers où, des toiles en deux dimensions, l’on passe avec naturel aux oeuvres en trois dimensions. Les miroirs, les lignes droites et les courbes, les carrés, les triangles et les cercles, des formes inscrites les unes dans les autres nous présentent l’esprit ludique de l’artiste. Mais derrière ces formes dansantes se cache le long travail de réflexion et de calculs mathématiques pour partager avec nous cette harmonie d’une rare sensibilité. Même le chaotique est savamment dosé et calculé – comme le constate l’historien d’art Tibor Wehner. Ce sont les mécanismes psychiques déclenchés et ce qui se passe au-delà de tout cela qui attire notre attention. C’est l’ambivalence des mouvements virtuels et de l’immobilisme, celle de la certitude et de l’incertitude qui fait l’essentiel de l’oeuvre, pense-t-il en ajoutant que l’on peut faire référence à Lajos Kassák, à Mondrian et à son maître Tamás Konok, ou à bien d’autres artistes proches de l’art non-figuratif. En effet, chez eux il y a ce désir d’un univers rangé et pur tout en s’étant révoltés contre cet univers artistique trop bien rangé. C’est cette tension qui apparaît aussi dans l’oeuvre de Matzon d’où sa richesse.

Sa série intitulée les Vagues – exposée dans la plus belle salle de l’édifice – respire justement une profonde harmonie. Sa série Fractal varie des formes très pures et une autre série, réalisée à partir d’anciens billets de marks hachés, rend hommage au lieu, au mécénat culturel qu’une banque bien gérée peut exercer dans un bon contexte.

Les formes géométriques, les figures débordant le cadre traditionnel de l’image nous laisse pressentir combien l’artiste se sent proche du mouvement MADI également. Il suit ainsi à sa manière, en toute liberté, les grands maîtres de ce mouvement. Ces jeunes gens vivant à Buenos Aires, à la fois poètes, peintres et psychanalystes – Viennois, Hongrois, Français et Catalans – ont souvent été à cheval entre deux cultures. Comme eux, Ákos Matzon, issu de la minorité allemande de la Hongrie, est balancé entre deux identités, proches mais distinctes.

Il a une grande sensibilité musicale, les fugues de Bach et les rythmes entrecoupés de la musique de John Cage apparaissent aussi dans son oeuvre. Plus récemment c’est la musique de Bartók qui l’a inspiré et dont il a réalisé une très belle série de calligraphies écarlates qui nous accueille dès l’entrée de l’exposition.

Géométrie galante ? Un séducteur ? Oui dans le sens où Max Frisch l’a utilisé dans sa pièce dédiée à Don Juan, car ce grand séducteur, qui a voué un culte à la géométrie, a eu une vie bien structurée, en apparence. Istvàn Sinko, confrère de l’artiste, trouve qu’il reste dans toute l’oeuvre de Ákos Matzon des énigmes à résoudre : de la géométrie galante.

Éva Vámos

 

Volksbank Galéria,

IIe arrt. Törökvész út 30/b.

Jusqu’au 30 janvier 2009 ;

lundi-mercredi: 8h-14h,

jeudi: 8h-18h, vendredi: 8h-15h.

 

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