ATTAC en Hongrie

ATTAC en Hongrie

Depuis sa fondation en France en 1998, l’association ATTAC est désormais présente dans près de quarante pays. Sa variante hongroise, regroupant de plus en plus de membres, a été créée en 2002. ATTAC Hongrie fait partie du mouvement altermondialiste international, mais il a défini ses objectifs en tenant compte des particularités hongroises, telles que le déroulement du changement de régime ou la politique économique, à leurs yeux ratée, du pays. Ses membres s’expriment souvent sur les événements politico-économiques et les problèmes sociaux hongrois qui allument de temps en temps de vifs débats.

 

 

ATTAC Hongrie a une vision très critique sur le changement de régime et considère que la situation difficile dans laquelle le pays se trouve actuellement s’explique en grande partie par les erreurs des années 90’. La privatisation en masse, qui a fait entrer les capitaux étrangers dans le pays, serait ainsi responsable de ce que la Hongrie est aujourd’hui trop dépendante des investissements étrangers et de la conjoncture mondiale. D’autre part, ils considèrent que les gouvernements successifs, servant les intérêts d’une nouvelle élite commerciale, ne savent pas gérer les tensions sociales qui ne cessent d’augmenter depuis des décennies. La résurgence du nationalisme et des idées fascistes en Hongrie, la “déchéance” de certaines minorités ou le creusement d’écart entre riches et pauvres sont des sujets souvent repris dans leurs publications. Un bon exemple de leur approche sociale critique est le “contre-bal” de l’Opéra, une manifestation qu’ATTAC organise depuis quelques années parallèlement au bal traditionnel. Lors de ce bal public, qui se tient en face de l’Opéra en même temps que le bal des élites, sont invités tous ceux qui veulent manifester contre les inégalités sociales.

Plusieurs membres de l’association ont également adhéré à la Charte Hongroise, une initiative du Premier Ministre en septembre dernier pour réunir ceux qui dénoncent les mouvements racistes en Hongrie. La distance avec le gouvernement de F. Gyurcsány est en même temps bien gardée. ATTAC a critiqué la politique du gouvernement à plusieurs reprises en démontrant que certaines de ses mesures vont à l’encontre des valeurs de gauche et que le gouvernement est incompétent face aux problèmes sociaux du pays. En 2007 par exemple, l’association a appelé à voter contre la participation aux frais médicaux et universitaires au référendum, par solidarité envers les couches sociales défavorisées. (Cette action leur a d’ailleurs valu d’être accusés de servir les intérêts de la droite, qui menait une campagne forte contre les réformes envisagées par le Premier Ministre.) En octobre dernier, de même que d’autres associations civiles, ATTAC Hongrie a vilipendé le gouvernement quand celui-ci a demandé l’aide du FMI, en soulignant que les solutions de cette institution sont rarement efficaces et que les pays touchés par la crise auraient plutôt besoin d’un programme similaire au New Deal des années 30’.

ATTAC a participé à une table ronde intitulée “Crise financière internationale et critique du système mondial”, lors de laquelle d’autres scientifiques ont présenté un livre intitulé Des paradis fiscaux jusqu’au mouvement vert. Dans cette encyclopédie, les auteurs, parmi eux l’économiste Andor László, dénoncent la libéralisation excessive que l’économie mondiale a connue ces derniers temps et redoutent le rôle que le FMI peut jouer dans le cas de la Hongrie.

Selon Tamás Gáspár Miklós, une des figures emblématiques d’ATTAC, le nombre de chômeurs pourrait atteindre des chiffres jamais connus en Hongrie et, s’il ne change pas son système économique de façon radicale, le pays s’enfoncera davantage dans la crise. A son avis, seul un mouvement fort de la classe ouvrière garantirait que soient repensées les règles du jeu économiques. Il regrette qu’en Hongrie les gens aient peur des idées de Marx puisque sa philosophie économique tombe en réalité loin de ce que le communisme avait réalisé dans le bloc soviétique. Dans ces temps tourmentés, qui d’une certaine façon représentent l’échec d’un ordre mondial basé sur les principes néolibéraux, les idées marxistes sont d’une très grande valeur selon lui.

Anna Bajusz

 

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