Expo: Miklós Radnóti

Expo: Miklós Radnóti

Le buste en bronze du sculpteur Tamás Gyenes nous présente un jeune poète qui n’avait que 35 ans lorsqu’il est parvenu aux sommets de la poésie hongroise. C’est aussi à l’âge de 35 ans qu’il fut abattu par des miliciens hongrois, en 1944. Une exposition émouvante est dédiée au poète Miklós Radnóti à l’occasion du centenaire de sa naissance au Musée littéraire de Budapest.

Des images, des films documentaires et des poèmes nous rapprochent plus que jamais de l’homme. Sur une carte postale, on lit ses mots, paroles d’un amoureux en captivité au coeur de la gerre: «Vois-tu, le soir tombe, et les baraquements, le barbare enclos / de chêne ourlé de barbelés, à force de flotter se résorbent dans le soir.../ Le camps est endormi – le vois-tu, mon amour? l’air est froissé de rêves... je sens une cigarette à demi fumée dans ma bouche au lieu du goût de tes baisers / et point ne vient le sommeil qui soulage, car je ne sais plus ni mourir, ni vivre sans toi désormais». Entre bombardements, au milieu de la vermine, de l’humiliation et au péril de sa vie, Radnóti écrivait ses grands poèmes. Sur les toiles de Imre Ámos, l’ange fait écho aux vers du poète. C’est Fanny qui attend le poète, «tel l’ange qui fait silence devant le monde détruit...» Les deux artistes issus de la même génération sont d’origine juive. Persécutés, l’angoisse s’empare d’eux peu à peu.

Radnóti, dès sa naissance, a vécu des moments tragiques: sa mère est morte en lui donnant la vie et il a perdu son frère. Ces moments tragiques le hantent et il l’écrit dans Le Mois des Gémeaux, récit autobiographique achevé en 1939 que Jean-Luc Moreau a publié en français.

Radnóti est resté un jeune poète pour l’éternité. Il avait le sens de l’humour et écrivait des poèmes amusants sous pseudonyme. Il aimait ses escapades à Paris, en amoureux avec Fanny, où il s’approvisionnait aussi en lectures – c’est ainsi que nous lui devons la traduction des Fables de La Fontaine et qu’il a intégré la poésie française dans ses vers devenus célèbres en Hongrie : «Il faut laisser maisons, et vergers et jardins ... / c’est un vers de Ronsard, de ses derniers poèmes. /Je le murmure et le sentier est à l’écoute» – ces vers sont traduits par Guillevic qui a également écrit ses expériences lors de la traduction des poèmes de Radnóti. Ce grand poète hongrois est donc traduit et édité en français et a même été diffusé sur France Culture à plusieurs reprises. Il avait des amis dans les milieux littéraires en Hongrie et à Paris, dont le poète et critique du cinéma Pierre Robin avec qui il a entamé la traduction d’une série de poèmes hongrois et a partagé l’amour de la poésie de Garcia Lorca.

Éva Vámos

 

Petôfi Irodalmi Múzeum

Ve arrt. Károlyi Mihály u 16

Tlj sf lundi de 10:00 à 18:00, jusqu’au 5 janvier 2010

 

Quelques titres de référence:

Marche forcée, suivie de

Le mois des Gémeaux

traduit du hongrois par

Jean-Luc Moreau (Phébus 2000)

Mes poètes hongrois

Guillevic (ed. Corvina).

 

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