Réformez le MSZP !

Réformez le MSZP !

Après le revers essuyé lors des dernières élections européennes, le MSZP prépare d'ores et déjà la campagne des prochaines élections parlementaires et s'interroge sur le renouvellement de ses dirigeants. Mais les "dinosaures" du parti sont-ils réellement prêts à céder la place aux jeunes?

Depuis sa défaite lors des élections européennes du 7 juin dernier, le parti socialiste hongrois (MSZP) subit une chute libre continuelle et sa réputation est mise à mal. Il est évident que le parti est obligé de chan-ger de visage, voire de se défaire d’une grande partie de ses dirigeants actuels. Bien avant les prochaines élections parlementaires, une opposition “jeunes-anciens” existait déjà au sein du MSZP. Lors de la réunion du parti des 4 et 5 juillet dernier, ses dirigeants ont réussi à faire reporter les questions personnelles à l’automne prochain, après l'adoption parlementaire du nouveau budget.

Mais l’ancienne génération ne pourra certainement pas retarder très longtemps la réforme de la direction du parti. Sa présidente, Ildikó Lendvai, a suggéré lors de cette réunion d’établir, en novembre ou en décembre prochain, une liste nationale de représentants, de nommer un candidat pour les élections parlementaires du printemps 2010, de présenter le programme du parti et d’organiser une élection concernant uniquement la direction du MSZP. Lendvai a promis de compléter entre temps la liste du comité électoral national du parti par dejeunes représentants. Ainsi ces jeunes socialistes pourront-ils se présenter sans problème lors des élections des nouveaux cadres dirigeants du parti à l’automne prochain.

Le MSZP doit choisir entre deux possibilités: soit il nomme un candidat issu du clan de l’ancienne génération, dirigée par la troïka Lendvai-Szekeres-Kiss, soit, faisant ainsi preuve d’un peu plus de courage, il tente sa chance avec un jeune candidat. C’est le nom de László Botka qui est le plus souvent mentionné, mais voyons dans le détail qui sont ces jeunes qui expriment avec de plus en plus de force la nécessité d’un changement radical de la direction du parti socialiste hongrois.

Il faut tout d'abord nommer Miklós Hagyó qui, en 2006, est devenu le maire adjoint de la ville de Budapest, acquérant ainsi une grande expérience politique et de gestion ainsi qu’une réputation reconnue au sein du MSZP ces dernières années. Il est souvent mentionné en couple avec László Botka, l’actuel maire de Szeged, l'une des plus grandes villes de Hongrie. Il est sans aucun doute le jeune socialiste le plus estimé de son parti grâce à ses succès incontestables dans la direction de la ville. Ádám Ficsor, devenu chef de cabinet de l'ancien Premier Ministre Ferenc Gyurcsány à seulement 23 ans (!) et actuellement ministre des services secrets du gouvernement Bajnai, est à 29 ans l'un des moteurs du groupe des jeunes du parti. Il ne faut pas oublier de mentionner Csaba Molnár, l'actuel chef de cabinet du Premier Ministre. Avec Ficsor, ce dernier cherche avant tout à mener à bien cette année de “gestion de crise”, une épreuve particulièrement difficle pour le gouvernement Bajnai.

Une autre version possible a vu le jour en ce qui concerne la désignation du prochain candidat du MSZP, à savoir la nomination d'un “visage ancien mais relativement accepté”, celui de Katalin Szili (elle vient d’ailleurs de proposer sa démission du poste de Présidente du Parlement, probablement pour préparer son éventuelle candidature au poste de Premier Ministre), et celle d’un “visage jeune” pour le poste de président du parti. Mais cette version causera aussi des difficultés car Ficsor et Molnár ne la soutiendront certainement pas puisque Szili s’était ouvertement confrontée à Gyurcsány à l’époque où ce dernier dirigeait le pays. De plus, selon quelques rumeurs, Gyurcsány a conseillé aux potentiels jeunes candidats, comme Botka ou Hagyó, d’être très prudents dans leur décision car une défaite relativement sérieuse du MSZP est plus que probable lors des prochaines élections et cela pourrait bien remettre en question leur carrière pour longtemps.

La situation au sein de la direction du parti semble donc être bien compliquée, mais une chose est certaine: un changement de génération est inévitable. Déjà le vice-président du parti, István Újhelyi, fait parti de la jeune garde, de même que le chef du groupe parlementaire du parti, Attila Mesterházy. Mais une ou deux personnes ne suffisent pas et même si les anciens cèdent très difficilement leurs places, ils doivent désormais comprendre qu'un changement de régime a eu lieu il y a 20 ans et que les visages connus à cette époque-là ne sont plus tolérés en 2009-2010. Le MSZP ne pourra rester debout que s'il réagit très rapidement et si, en vue du printemps 2010, il réussit à présenter un groupe de dirigeants totalement rafraîchis, de jeunes professionnels qui regardent vers l’avenir et n'ont rien à voir avec l'époque précédant 1989. Mais il est probable qu'il soit déjà trop tard pour cette “renaissance accélérée” et que plusieurs années seront nécessaires au MSZP pour redevenir une force reconnue sur la scène politique hongroise.

Bálint Seres

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