Le luxe à l’époque kádárienne

Le luxe à l’époque kádárienne

Spécial anniversaire : 1989, 20 ans après

Les élites de l’époque socialiste menaient-elles grand train? Peut-être, mais dans ce cas de quel luxe parle-t-on ?

 

Durant les années du régime kádárien, posséder sa propre petite maison ou son appartement ne signifiait pas que l’on menait un train de vie luxueux. Les grands investissements immobiliers ainsi que les programmes de construction des barres d’immeubles avaient pour but de loger le plus grand nombre. C’est alors que de nombreux Hongrois sont devenus propriétaires de leurs logements.

Pourtant certains endroits étaient très chics à l’époque (et la plupart le sont encore). C’est le cas par exemple de la villa du premier secrétaire du parti entre 1956 et 1989, János Kádár. Celle-ci est située dans les collines de Buda, rue Cserje. Mais Kádár – qui était issu d’un milieu paysan – préférait mener un train de vie peu ostentatoire. Ainsi, selon les témoignages de l’époque,il élevait des poules dans son jardin.

Des amis lui avaien par ailleurs fait la surprise (!) de lui construire une résidence secondaire sur les rives du lac Balaton, à Balatonaliga. Ils’agissait d’une résidence très moderne, équipée d’une salle de théâtre et d’un cinéma où Kádár aimait projeter des films d’e l’Ouest (en effet, il n’appréciait pas le cinéma des pays de l’Est). La villa de Balatonaliga a reçu plusieurs personnages de haut rang tels que Gagarin ou encore Fidel Castro.

Une autre anecdote sur Kádár: afin qu’il puisse s’adonner à son loisir favori, la natation, en toute discression et en toute sécurité, une piscine avait été construite pour lui à côté de Városliget. Celle-ci était fermée pendant que le premier sercétaire y nageait. Pour que la piscine dispose d’eau thermale, on avait en outre installé un tuyau souterrain entre cet établissement et les bains thermaux Széchenyi, situés dans le Városliget.

Naturellement, la nomenklatura – en particulier les politiciens mais aussi quelques chercheurs et artistes –, disposaient de certains avantages. Ils possédaient par exemple une voiture personnelle, ce qui était relativement rare. Les dirigeants des États soviétiques possédaient en général une Tchaika GAZ-14, une voiture inaccessible pour les citoyens. A titre personnel, János Kádár préférait céder au luxe de la marque Mercedes, le produit d’un pays «amical». Les voitures populaires étaient les Skoda, les Trabant et les Wartburg, mais il fallait les attendre pendant plusieurs années.

A titre de comparaison, en 1978 le salaire moyen était de 3600 HUF, un appartement de 54 mètres carrés valait de 400 000 à 500 000 HUF et, pour une Skoda, il fallait débourser quelques 84 000 HUF.

Selon les informations de la célèbre sociologue Zsuzsa Ferge, seuls 2% des citoyens avaient une situation financière confortable à partir des années 1960 et le taux de millionnaires a alors commencé à augmenter d’année en année jusqu’au changement du régime.

Tímea Ocskai

 

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