Triste record

Triste record

Le taux de chômage dépasse les 10%

 

Voilà 13 ans que le taux de chômage n’avait pas dépassé le seuil des 10% en Hongrie. En octobre il a franchi ce pic historique pour atteindre 10,4%.

 

 

La spirale de la crise a touché de plein fouet le monde du travail et, la vague d’insolvabilité des PME n’ayant pas encore atteint son maximum, il est possible que ce chiffre puisse encore augmenter pour atteindre les 11% au mois de janvier.

Avec un taux de chômage de 10,4% (population entre 15 et 74 ans étant à la recherche d’un travail depuis plus de 3 mois ), le nombre des chômeurs s’élève désormais à 440.000 personnes, soit 109.000 de plus qu’à la même période en 2008. Cette hausse, principalement due à la crise économique mondiale, est en outre aggravée par la fin de la période des emplois saisonniers. Les secteurs les plus touchés sont l’industrie et le tourisme et, dans une moindre mesure, les services. La période des fêtes de Noël, qui entraîne traditionnellement une vague d’embauches ponctuelles, n’est qu’un bref répit dans ce contexte.

Le groupe social le plus touché est celui des jeunes de 16 à 24 ans: jeunes diplômés en début de carrière, ouvriers qualifiés et non qualifiés font ainsi face à un taux de chômage de 27%. Le temps moyen passé au chômage est de 16 mois, soit près de 2 mois et demi de plus que l’année dernière.

L'augmentation du taux de chômage pèse sur l’économie hongroise de différentes manières. Le pays traverse une période de ralentissement, d’une part à cause du ralentissement de la production, d’autre part à cause de la baisse de la consommation. Un ralentissement qui provoque lui-même l'augmentation du taux de chômage puisqu'il oblige les entreprises, pour rester compétitives, à procéder à des licenciements. Notons qu’il existe en outre un effet de “trade-off” naturel entre la baisse du PIB et le taux de chômage, avec un taux d'élasticité de 7%, c’est-à-dire qu’une baisse du PIB de 1% entraîne une augmentation du taux de chômage de 7%. Par ailleurs, la baisse des cotisations sociales et l'augmentation de la demande d'allocations chômage pèsent sur le budget central, incapable de financer des coûts, de plus en plus élevés, par des revenus décroissants.

Comment stimuler l’économie afin d'aboutir à la création d'emplois, gage d'une croissance de la demande et des recettes budgétaires? Le gouvernement et l’opposition ont une fois de plus des vues divergentes quant à la manière de sortir le pays de cette situation. Les socialistes ont mis en œuvre un programme public intitulé «le chemin du travail» qui vise à créer des emplois dans le secteur public. Ce programme consiste en la mise à disposition d'un fonds dédié au maintien de l'emploi et à la formation professionnelle. Le budget total des aides publiques s’élève à 50 milliards de HUF, en incluant des fonds européens. D’après les estimations du ministère du travail, le gouvernement a réussi à conserver plus de 140.000 emplois et à créer 2300 nouveaux postes supplémentaires. L'objectif du programme est d'atténuer les inégalités en créant des emplois mais aussi en versant des subventions décentes à tous ceux qui s'avèrent incapables de s’intégrer au monde du travail. Les propositions du Fidesz, principal parti d'opposition, se basent quant à elles sur la stimulation de l'activité du secteur concurrentiel et sur le renforcement de la capacité d’autofinancement des PME, qui restent les plus grands employeurs en Hongrie. «Il est impossible de gérer la crise à l’aide de programmes de financements publics, qui restent des mesures temporaires. Il faut effectuer des réformes structurelles, tant au niveau national que mondial, pour pouvoir rebâtir l’évolution de l’économie» a indiqué un communiqué du Fidesz.

Le chômage pèse aussi sur le reste du monde

D’après le rapport de l’OCDE, le taux de chômage pourrait très prochainement atteindre le seuil des 10% dans de nombreux pays, soit un taux similaire à celui connu après la Seconde Guerre Mondiale. C’est-à-dire que plus de 57 millions de personnes seront au chômage en 2010. Pour échapper à la débâcle, l’OIT vient de publier un pacte contre le chômage récapitulant des propositions de mesures, basées sur le dialogue social, qui pourraient faire obstacle à l'aggravation de la situation.

Pourtant, la crise peut également être considérée comme une possibilité de renaissance. La Hongrie reste un pays très ouvert au marché international. Ces 20 dernières années, elle a tiré avantage de la compétitivité de sa main d'œuvre qualifiée, mais cette stratégie devrait être révisée au cours de la prochaine décennie. La Hongrie devrait peut-être désormais concentrer ses ressources sur la R&D et l’innovation.

Kata Bors

 

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