Aile et fardeau

Aile et fardeau

Le conseil des Sages rend son rapport sur l’éducation

Le conseil des sages est né en novembre 2008 en réponse à l’initiative du Président de la République, Lászlo Sólyom et dans le but d’explorer des problèmes cruciaux en Hongrie, comme la corruption ou encore l’inefficacité de l’éducation. Le but des sages n’est pas de créer un nouveau programme politique mais d’analyser les problèmes structuraux qui paralysent le fonctionnement du pays.

 Le Président de ce Conseil est Sándor Lámfalussy, économiste et ancien Président de l’Institut Monétaire Européen. Les autres membres du conseil sont Eva Joly, juge franco-norvégienne et experte des cas juridiques relatifs a la corruption, Péter Csermely, professeur a l’université Semmelweis et analyste des réseaux, et István Fodor, ancien PDG et président d’Ericson Hungary. Le conseil a publié son étude, Aile et fardeau, le 29 janvier, qui contient plusieurs centaines de propositions pour améliorer les deux domaines analysés par les Sages. «L’éducation peut donner des ailes aux élèves» selon Péter Csermely, le responsable des études portant sur le système éducatif hongrois. Les sages ont conclu que le problème de ce secteur n’est pas très différent de celui des pays de l’Europe Occidentale. Il est en revanche beaucoup plus grave. Tout d’abord, les sages soulignent que la plus grande difficulté consiste en un maque de valeurs solides et réside dans le fait que la polarisation politique n’épargne pas le domaine de l’éducation. Plus spécifiquement, Péter Csermely note que le plus grave problème touche la formation des professeurs, problème constitutif de la situation chaotique actuelle dans l’enseignement supérieur. Il a constaté que l’introduction du système de Bologne a eu des effets positifs dans beaucoup de domaines mais seulement des effets négatifs en ce qui concerne la formation des futurs professeurs. Entre autres, ce rapport souligne les effets néfastes du caractère spécifique de l’enseignement hongrois qui pointe plus facilement les échecs des élèves au lieu de souligner leurs succès.

Le constat de Csermely n’est toutefois pas entièrement négatif. Il a noté que le niveau d’éducation dans les écoles primaires est excellent en Hongrie et que la motivation des enseignants devrait servir d’exemple aux professeurs de lycée. En ce qui concerne ces derniers, Csermely est loin d’être satisfait. Il estime que seuls les élèves les moins doués de l’enseignement supérieur et ne cherchant à valider qu’un diplôme «polyvalent» choisissent ce métier. Ces professeurs ne font qu’accentuer le manque d’estime dont ce métier, déjà très peu respecté, souffre.

Csermely propose la création d’un système de motivation pour les professeurs de lycée qui comprendrait des reconnaissances morales et l’amélioration des conditions de travail mais il ne mentionne pas la question des salaires, pourtant loin derrière ceux des autres pays européens, comme clé de leur manque de motivation. Les principaux défis de l’enseignement supérieur, selon Csermely, sont l’intégration des Roms et l’éducation des enfants particulièrement talentueux, deux catégories actuellement souvent négligées.

Les propositions des sages sont téléchargeables en ligne sur le site de la présidence à (http://bolcsektanacsa.solyomlaszlo.hu). Leur but était de créer une liste d’idées indépendantes des forces politiques qui pourraient provoquer des changements au niveau local. Les sages encouragent tout le monde à lire l’étude et soulignent que si ne serait-ce qu’une seule école expérimentait leurs idées, leurs travaux ne seraient pas vains.

Kinga Neder 

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