Le côté hongrois de la force

Le côté hongrois de la force

La sélection hongroise du festival Sziget

Un vieux dicton de Székesfehérvár proclame haut et fort que la Hongrie a apporté trois choses essentielles au monde: la vitamine C, le Rubik’s Cube et le festival Sziget. Si les deux premiers éléments se sont largement diffusés, portant fièrement le génie hongrois aux quatre coins du monde, le cas du festival Sziget est différent. Le festival ne s’est pas exporté mais a développé un effet inverse, celui de faire venir à Budapest la moitié de la planète.

 

 

Cette grande migration vers la Hongrie concerne les festivaliers mais également la programmation artistique. L’affiche officielle annonce avec fracas les meilleures groupes du programme avec, pour ne citer que l’Angleterre: Iron Maiden, Muse, Faithless, Madness. Dans cette liste, aucun groupe local, les hongrois ne sauraient-ils pas faire de la bonne musique ? Voici donc une petite sélection de la programmation locale du festival.

Il est parfois difficile de se retrouver dans le labyrinthe des scènes et surtout des jours du plus grand festival d’Europe. Se déroulant pendant une semaine complète jusqu’en 2006, le festival, sous la pression du voisinage, ne se produit plus officiellement que pour cinq jours. Jusque là, rien de bien compliqué, sauf que les 2 jours précédents l’ouverture officielle sont appelés jour 0 et jour -1 et que des concerts y sont organisés.

C’est justement lors du jour -1 que la magie musicale hongroise entre en scène avec le concert exceptionnel de Kispál és a Borz. Sur la grande scène aura en effet lieu le “Búcsúkoncert”, le concert d’adieu d’un des groupes rock les plus intéressants de Hongrie depuis vingt ans. Le lendemain, lors du jour 0 consacré au reggae, se produira sur la grande scène le groupe Ladánybene 27, le bien installé groupe rasta de Budapest. Plus tard dans la journée, une multitude de groupes hongrois sont programmés sur la scène Musiques du Monde pour un concert hommage à Cseh Tamás, grand chanteur hongrois décédé il y a un an, jour pour jour.

Après cet échauffement de deux jours, le festival officiel commence. Pour le mercredi 11 août, rien de hongrois à se mettre sous la dent sur la grande scène. Il faudra d’ailleurs s’y habituer puisque les locaux n’ont plus leur place dans la meilleure vitrine du plus grand festival en Europe. Y-a-t-il un rapport avec la baisse du montant des subventions publiques?

Pour ce premier jour, la sélection hongroise comprend le folk de Csík Zenekar à 18:00 sur la scène Musiques du Monde, suivi de l’excellent Irie Maffia et son hip hop rafraîchissant sur la scène MR2 a 19:45. Dans le même registre, le DJ de légende Cadik chauffera la tente Meduza à 21:00 juste avant le set d’UnoYmedio, projet drum’n bass de l’excellent groupe Másfél. La soirée hongroise pourrait se clôturer avec le rock virevoltant de Belmondo sur la scène Open-Civil à 22:30.

En ce qui concerne, le jeudi 12, il convient de commencer par un concert de l’excellent groupe Besh o Drom sur la scène Musique du Monde à 18:00. Juste après, à 19:30, le rock de Vad Fruttik pourrait vous mettre en appétit sur la scène MR2 à moins que vous ne préfériez le jazz dansant de la séduisante Harcsa Veronika au Budapest Jazz Club. Dans tous les cas, il n’est pas permis de manquer la performance de Zagar, à 01:30 à l’A38. Le groupe et son électro-rock représente ce que l’on fait de mieux à Budapest.

Le vendredi 13, sans superstition aucune, la journée pourrait commencer avec Riddim Colony et son chaud reggae sur la scène du même nom à 17:00. Sur la scène Musique du Monde, Söndörgô & Ferus Mustafov, le très réussi projet magyaro-macédonien pourra vous emmener jusqu’à 19:30, juste à temps pour ne pas rater le début du set de Heaven Street Seven et sa pop léchée en anglais au MR2. Pour clôturer ce jour de chance, Erik Sumo Band et son univers incroyable semble une bonne idée à l’A38 à 01:30.

Le samedi, si vous n’êtes pas retenus à un mariage en Pologne par exemple, vous pourrez danser au soleil dans le village reggae sur la chaude musique de Ocho Macho, dernier groupe à la mode dans les bons endroits de Budapest. Plus tard et plus loin, à 18:00, sur la scène MR2, Kistehén présentera ses chansons teintés d’humour et de folk. A 18:45, et juste avant la tête d’affiche du festival, Iron Maiden, le trio de Debrecen, Tankcsapda (le piège a Tank), fera bouger comme chaque année les crinières des premiers rangs de la grande scène avec sa musique du diable. Généralement accompagné d’un show incroyable, la performance ne laisse personne indifférent, même ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Pétôfi Sándor. Pour se remettre de ces émotions, le rockabilly de Mystery Gang peut être une option à 21:00 sur la scène Blues.

Le dimanche, pour le dernier tour de piste avant le retour à une vie normale, la scène de la radio MR2 dédiée aux musiques actuelles locales semble une bonne base. A 16:00, l’excellent Hangmás et son rock efficace pourrait servir d’entrée. Le plat de résistance serait alors les très énergétiques Parno Graszt, stars incontestés de la musique tsigane en Hongrie. Ça danse et ça chante sans fin, mais surtout à partir de 18:00 sur la scène Musique du Monde. Retour ensuite à MR2 pour deux concerts enchaînés en guise de dessert de cette programmation hongroise du Sziget, avec Brains et Pannonia Allstars Ska Orchestra (PASO). Si les premiers sont souvent comparés à Asian Dub Foundation, les seconds, Paso donc, proposent un ska/reggae des plus appréciables.

Il y a évidemment une infinité d’autres groupes hongrois, à vous de chercher et de ramener chez vous, à défaut d’un peu d’eau du Danube, une petite perle musicale locale.

David Sauvignon

 

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