20 ans après

20 ans après

Le bilan de Gábor Demszky à la mairie de Budapest

Le 3 octobre prochain, les électeurs budapestois désignerons leur nouveau maire. Gábor Demszky (SZDSZ), qui occupe cette fonction depuis le changement de régime, n’est en effet pas candidat à sa propre succession.

Gábor Demszky a parcouru son marathon. Maire de Budapest pendant 20 ans, il détient ainsi un record de longévité à la tête de la mairie de la capitale. Au cours de cette période, il a ainsi dû collaborer avec chacun des gouvernements que la Hongrie a connu depuis le changement de régime. Le premier ministre József Antall, au début des années 1990, a toujours cherché à l’éviter, le socialiste Gyula Horn l’a carrément détesté, Victor Orbán, Premier Ministre entre 1998 et 2002, avait mené des campagnes contre lui, tandis qu’avec Ferenc Gyurcsány, le Premier Ministre socialiste entre 2004-2009, il entretenait des relations dites “normales”.

Il a été attaqué par tous et de toutes parts mais il a toujours survécu à ces critiques et s’est toujours relevé. Mais quand et comment est-il arrivé à la tête de la mairie de la capitale?

Obstiné, fervent représentant de l’opposition et membre du groupe de jeunes se révoltant contre le régime avant 1989, il a régulièrement organisé, avec ses compagnons de route, des manifestations anti-communistes, pour lesquelles il a été emprisonné et souvent physiquement malmené.

Il est en outre l’un des fondateurs du parti libéral, le SZDSZ, et lors des premières élections libres au printemps de 1990, a été élu député avant d’être élu, en octobre de la même année, maire de Budapest. C’est aussi à cette date que le système des gouvernements locaux a été établi et, depuis lors, la municipalité de Budapest fonctionne selon ce cadre. Avec l’aide d’un groupe de spécialistes, il a élaboré un programme exhaustif à long terme pour le développement de Budapest. Il a été élu vice-président de la conférence permanente des autorités locales et régionales du Conseil de l’Europe en 1992, et réélu en 1994. En 1994, 1998, 2002 et 2006, il a toujours été réélu maire de Budapest. En 2004, il a également été élu député européen, mais en raison de problèmes d’incompatibilité des mandats, il a dû renoncer à cette fonction.

Gábor Demszky souhaitait réaliser plusieurs importants projets pour la ville de Budapest. Parmi eux, celui qu’il a le plus soutenu était la construction d’une quatrième ligne de métro, toujours en construction actuellement. L’autre était de faire de Budapest une ville multiculturelle et multicolore. S’il est en effet parvenu à atteindre des objectifs concrets pour servir cette idée, elle nécessiterait toutefois d’être encore développée...

Beaucoup disent qu’il s’est trop concentré sur le centre historique, soit un noyau restreint de la ville, négligeant ainsi des quartiers plus périphériques comme Zugló, Óbuda et les quartiers résidentiels comme par exemple celui dénommé “Havanna”. L’autre projet bien-aimé de Gábor Demszky a été la restauration des quartiers les plus prestigieux de Budapest, dont il a fait une vitrine de la ville à l’étranger, et qui atteignent des standards de développement urbains dignes des capitales d’Europe occidentale.

«Ma mission consiste à assurer que la question de la protection du patrimoine fait parti des projets de développement de la municipalité, classés selon leur importance. En tant que partisan de la protection du paysage urbain, je suis vigilant sur le fait qu’un équilibre entre le développement de la ville et la préservation du patrimoine puisse être maintenu. Le plan de gestion des sites de Budapest classés au patrimoine mondial est élaboré tant par les experts de la municipalité que par le Comité national du patrimoine mondial», avait-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avant de poursuivre: «La rénovation des espaces publics du centre-ville, la création de nouvelles rues piétonnes, la construction de parkings souterrains ainsi que des développements en matière de transports font partie des projets majeurs des années à venir». Force est de constater qu’au-delà du centre-ville, de nombreux quartiers de la capitale sont particulièrement dégradés.

Depuis 2002, Gábor Demszky semblait avoir perdu de sa motivation et de son énergie, mais c’est surtout à partir de 2006 que des signes de dérapage ont commencé à se faire sentir derrière les murs de la mairie de Budapest. En particulier, le projet de la ligne 4 du métro avait démarré très lentement car plusieurs sociétés “fantômes” attaquaient le projet en justice, retardant ainsi considérablement le début des travaux. Ensuite, plusieurs affaires de corruption se sont greffées à cet investissement, sans parler des wagons de métro, construites par Alstom qui, selon les autorités des transports publics hongrois, n’étaient pas conformes aux normes européennes.

En 2006, pendant la campagne pour les municipales, Gábor Demszky a décidé de mettre en circulation les nouveaux tramways sur la ligne 4-6, les fameux combinos, qui ont connu de nombreux problèmes techniques et mécaniques au cours des premières semaines. Le pays tout entier se moquait du maire qui n’était pas parvenu, malgré sa bonne volonté, à faire une réelle belle surprise aux habitants de la capitale.

Mais les vrais problèmes ont réellement commencé en 2009 et l’affaire de corruption au sein de la compagnie des transports publics de Budapest (BKV), avec en tête le maire adjoint Miklós Hagyó, qui a détourné plusieurs dizaines de millions de HUF, sans parler de la falsification des documents et d’une longue liste de fautes professionnelles graves. L’affaire BKV fut le coup de grâce pour Gábor Demszky, dont la réputation était déjà au plus bas.

Si les prévisions se confirment, le 3 octobre prochain, c’est István Tarlós qui devrait succéder à Gábor Demszky à la tête de Budapest. Aux électeurs le soin de ne pas lui confier les rennes de la capitale pour les 20 prochaines années.

Bálint Seres

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